Éditions GOPE, 12.6 x 18.4 cm, 340 pages, ISBN 979-10-91328-31-9, 18 €

Traduction : Marie Armelle Terrien-Biotteau

samedi 10 septembre 2016

Le petit Marcel au port parfumé

Article original en ligne


Le sens de Hong Kong (香港,Xianggang) est « port parfumé » et le jeune héros, qui séjourne entre sept et dix ans de 1952 à 1955, ressemble bien au narrateur de La gloire de mon père. C’est le récit d’une enfance de rêve, avec une belle reconstitution de l’esprit d’un enfant qui parfois sent plus qu’il ne comprend et dans d’autres situations a sa propre interprétation originale des situations. Comme pour Marcel Pagnol, une forte tendresse entre la mère et l’enfant est approchée ; les relations entre le narrateur et son père sont plus complexes mais bien dans les rapports d’autorité de l’époque.

Ce qui surprend le plus, mais respire l’authenticité, c’est l’aimable protection que les gens de cette colonie britannique accordent à l’enfant. Du fait que ce jeune Gweilo (鬼佬), où le premier idéogramme désigne le fantôme, c’est-à-dire « étranger de race blanche », parle rapidement un peu le cantonnais et très bien le pidgin local, il bénéficie de privilèges. Il accède à des endroits, dont la partie de Kowloon (enclavée dans la Colonie) que les traités avaient laissé devenir une zone de non-droit du fait qu’elle n’était pas sous juridiction britannique et où les gouvernements chinois successifs étaient empêchés par les Britanniques d’exercer une quelconque autorité.

En ce début des années cinquante, notre jeune héros rencontre des personnages pittoresques assez souvent traumatisés par des événements qui se sont déroulés entre 1917 et 1949. Citons cette femme russe, femme d’un officier tsariste (mort lors de la Révolution bolchevique), qui a vraisemblablement vécu à Shanghai comme maîtresse de riches Chinois dans l’entre-deux-guerres et qui a souffert de la guerre sino-japonaise pour se retrouver à Hong Kong où elle vit misérablement en vendant ces derniers bijoux. D’autres personnages, des Chinois, qui vivaient dans un certain luxe jusqu’à l’arrivée de l’Armée rouge dans leur village, se retrouvent également dans des situations précaires. La résistance antijaponaise est contée par certains de ses acteurs.

L’intérêt scatologique des enfants de cet âge est rendu de façon amusante et avec une certaine retenue. Le regard décalé du jeune héros et sa relative naïveté sont sources de situations comiques :

« [...] ce qui m’interloqua fut de voir le marin, sous mon regard, glisser la main dans l’une des fentes de la robe et pincer les fesses de la jeune femme. Elle ne manifesta aucun signe de réprobation et je me demandai si c’était la façon dont on saluait toutes les Chinoises. » (page 46)


Le livre se clôt en annonçant que le départ de 1955 serait suivi par un retour en 1959.

Coup de cœur !

Par Xirong, 5 septembre 2016
Grégoire de Tours (projet collaboratif de critiques de livres d'Histoire)

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